jeudi 30 octobre 2008

Langue et civilisation tibétaines dans E2DB

Encore un billet qui m'a été suggéré dans un commentaire par CassiopéeW (excellent auteur, je vous encourage à lire ses oeuvres, vous ne serez pas déçus !).

En effet, puisque Mû est né et vit ses premières années au Tibet, il était utile et nécessaire de faire quelques recherches sur le sujet, même avant de me lancer dans l'écriture de la chose. Pour la langue, il me semblait bien avoir lu, à la fin d'un roman se passant au Tibet au XIXème siècle (acheté par hasard voici des années, en plus ) un glossaire de termes tibétains (le livre est "Samsâra", d'Alexandra Jones). Je me suis basée là-dessus, fait quelques recherches supplémentaires concernant la civilisation et la vie quotidiennes tibétaines, et je me suis lancée (je ne vous cache pas que, relisant ED2B récemment pour y chercher quelque chose, je me demande encore ce qui m'a pris).

Donc, notre Mû, jusqu'à l'âge de quatre ans, est élevé par une tibétaine dans la maison même où il est né, près de la ville de Gyantsé (voir prochain billet sur les lieux). Sa langue maternelle est donc le tibétain.

Cette langue, nommée "peugué" pour la langue parlée et "peuyi" pour la langue écrite, fait partie de la famille des langues tibéto-birmanes, et comprend nombre de dialectes. Elle est notée au moyen d'un alphasyllabaire créé au VIIème siècle, et c'est l'une des langues les plus anciennement attestées parmi les tibéto-birmanes (pour plus de renseignements, voir ici - hé oui, wikipédia est souvent mon ami).

La nourrice de Mû, Dolma, est d'extraction assez modeste, donc elle parle un tibétain assez éloigné de la langue de cour encore employée à Lhassa. Mû, donc, commencera à parler ainsi, avant de châtier progressivement son langage au contact de Shion. Par contre, il ne l'écrira correctement que bien plus tard, écrivant longtemps mieux le grec ou l'atlante que sa langue de naissance.

Termes tibétains employés dans l'ED2B:

jowa: maître (terme de respect donné par Egesh à Shion)

Siddha: Homme doté de pouvoirs surnaturels (terme employé par Dorjee, l'aide de Dolma, quand les pouvoirs de Mû se réveillent)(on retrouve la même racine dans le prénom hindou Siddharta, porté par le Bouddha lui-même).

Ro Gyapa: bouchers fossoyeurs chargés de s'occuper des cadavres animaux et humains

De cette enfance tibétaine, Mû a gardé le goût du thé au beurre (transmis également par Shion). Cette boisson, boisson nationale du Tibet, est cependant réputée pour avoir un goût particulier parce qu'elle est faite avec du beurre de yak rance. Je vous en donne la recette, trouvée ici :

Boisson nationale du Tibet, le thé au beurre (souvent rance) a tendance à dérouter au premier abord. Pour l'apprécier, mieux vaut penser que l'on boit du bouillon...

Ingrédients
7 tasses d'eau
1 c. à s. de thé
1 tasse de lait
1/3 de tasse de beurre
1 à 3 c. à c. de sel

Préparation
Faire bouillir l'eau dans une casserole.
Ajouter le thé et le lait, porter à ébullition.
Ajouter le beurre et le sel, laisser bouillir pendant 2-3 minutes.
Battre à la main ou dans un mixeur jusqu'à formation d'une mousse.
Verser dans une théière chauffée et servir.


Si ça n'est guère ragoûtant pour nous autres occidentaux, pour les Tibétains qui vivent à haute altitude et pour lesquels le moindre déplacement est tout de suite difficile vu le climat et l'oxygène rare, c'est une boisson chaude très réconfortante. Je me suis donc dit que notre atlante préféré, élevé parmi les tibétains, pourrait garder le goût de la boisson de son enfance qu'entretiennent d'ailleurs généreusement ses serviteurs vu que Shion, lui aussi, a été élevé toute sa petite enfance parmi une famille tibétaine et a également gardé cette habitude. Il se nourrit aussi de riz, de soupe et de yaourt (dahi, lait fermenté fort goûté en son temps par le mahatma Gandhi, ou yaourt à base de lait de yak fermenté). Par contre, point pour lui de viande de yak fermentée, j'ai paré au plus simple (et puis je ne le voyais pas manger ça, désolée).

Mû, de religion, est bouddhiste. Le bouddhisme tibétain est une religion encore considérée comme importée, à côté de la religion traditionnelle dite "Bön", qui en a tout de même emprunté des aspects. Il brûle de l'encens devant une statue du Bouddha Sakyamuni, rite commun à beaucoup de formes du bouddhisme, que j'ai utilisé pour cette raison d'ailleurs. Le terme "sakyamuni", quelque peu redondant car il signifie "le sage de la tribu des Sakya", est une autre expression pour désigner le Bouddha en se référant à sa forme "terrestre", le prince Siddharta Gautama, chose qu'on ne trouve dans les textes que relativement tardivement (voir ici, le texte d'un cours de l'université bouddhique concernant le Bouddha Sakyamuni), vers les premiers siècles de l'ère chrétienne. Sa forme la plus commune est celle d'un homme assis, levant une main, les yeux fermés, mais on trouve aussi des Bouddhas debout, comme à Angkor Vat (Cambodge) ou couchés, comme celui du temple de Wat Pho à Bangkok (Thaïlande).

Photo d'un Bouddha assis (Triangle d'Or, Thailande)
(cette photo a été prise par mon cousin, prière de ne pas l'utiliser, merci)

Cependant, la représentation ci-dessus photographiée est l'image la plus usitée et la plus connue. Il en existe de toutes les tailles, y compris des petites utilisées comme objets de culte (et comme décoration en occident, faut-il le préciser...). L'on exécute devant, hors les rites, le culte des ancêtres. Cet aspect m'intéressait au vu du vécu de Mû enfant, qui prie régulièrement pour sa mère tout en se culpabilisant de sa mort. Shion malheureusement rejoindra bien trop tôt sa défunte épouse dans les prières de son fils, et ne les quittera pas, même après la révélation désastreuse de leur filiation (voir chapitre 20). Un objet lié également à l'aspect religieux est le moulin à prières ayant appartenu à Arzaniel que Shion offre à son fils pour son septième anniversaire. En tibétain "mani koto", le moulin à prières est formé d'un cylindre contenant des feuilles de papiers sur lesquelles sont écrites des prières, ou "mantras" et enroulées autour de l'axe du moulin. Les petits peuvent être tenus à la main (et celui de Mû est de ceux-là), mais il en existe dans les temples, mesurant plus de deux mètres de haut et ayant des poignées pour être tournés. Quand le moulin tourne, l'énergie émanée par les mantras qu'il contient bénéficie à tous les êtres et les prières sont ainsi récitées. Certains sont de véritables objets d'arts incrustés de métaux précieux.
Il existe d'autres objets utilisés pendant les rituels bouddhistes tibétains, pour en savoir plus regardez ici.

Bon, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire, aussi vais-je arrêter de vous infliger un bon mal de crâne et conclure ici pour ce soir...

jeudi 23 octobre 2008

Illustration: Shion en tenue de mariage

Le voici, le voilà, Shion en tenue de marié magnifiquement rendu par le crayon agile de Corinne qui a su l'améliorer encore par rapport à ma description de base (j'avais ajouté un châle de cachemire, et elle a unifié l'ensemble en le stylisant...entre autres originalités que j'ai adorées, notez le diadème et la boucle de ceinture par exemple, qui sont sa création originale !)


Enjoy !

samedi 18 octobre 2008

Illustration: Arzaniel en robe de mariée

Encore une fois une magnifique illustration de Corinne. Cette fois, il s'agit d'Arzaniel, la mère de Mû, en robe de mariée. Je mets les deux versions qu'elle m'a envoyées, où le diadème est légèrement différent, j'espère que cela vous plaira autant que moi.


Voici la version 1:




Et la version 2:



Ce sont presque les mêmes mais, d'après Corinne, il y a une différence au niveau du diadème du second dessin, mais je cherche encore cette différence. Bref, comme je n'ai pas pu choisir entre les deux, je les mets tous les deux...

Suite au prochain numéro: Shion en tenue de marié...