Encore un billet qui m'a été suggéré dans un commentaire par CassiopéeW (excellent auteur, je vous encourage à lire ses oeuvres, vous ne serez pas déçus !).
En effet, puisque Mû est né et vit ses premières années au Tibet, il était utile et nécessaire de faire quelques recherches sur le sujet, même avant de me lancer dans l'écriture de la chose. Pour la langue, il me semblait bien avoir lu, à la fin d'un roman se passant au Tibet au XIXème siècle (acheté par hasard voici des années, en plus ) un glossaire de termes tibétains (le livre est "Samsâra", d'Alexandra Jones). Je me suis basée là-dessus, fait quelques recherches supplémentaires concernant la civilisation et la vie quotidiennes tibétaines, et je me suis lancée (je ne vous cache pas que, relisant ED2B récemment pour y chercher quelque chose, je me demande encore ce qui m'a pris).
Donc, notre Mû, jusqu'à l'âge de quatre ans, est élevé par une tibétaine dans la maison même où il est né, près de la ville de Gyantsé (voir prochain billet sur les lieux). Sa langue maternelle est donc le tibétain.
Cette langue, nommée "peugué" pour la langue parlée et "peuyi" pour la langue écrite, fait partie de la famille des langues tibéto-birmanes, et comprend nombre de dialectes. Elle est notée au moyen d'un alphasyllabaire créé au VIIème siècle, et c'est l'une des langues les plus anciennement attestées parmi les tibéto-birmanes (pour plus de renseignements, voir ici - hé oui, wikipédia est souvent mon ami).
La nourrice de Mû, Dolma, est d'extraction assez modeste, donc elle parle un tibétain assez éloigné de la langue de cour encore employée à Lhassa. Mû, donc, commencera à parler ainsi, avant de châtier progressivement son langage au contact de Shion. Par contre, il ne l'écrira correctement que bien plus tard, écrivant longtemps mieux le grec ou l'atlante que sa langue de naissance.
Termes tibétains employés dans l'ED2B:
jowa: maître (terme de respect donné par Egesh à Shion)
Siddha: Homme doté de pouvoirs surnaturels (terme employé par Dorjee, l'aide de Dolma, quand les pouvoirs de Mû se réveillent)(on retrouve la même racine dans le prénom hindou Siddharta, porté par le Bouddha lui-même).
Ro Gyapa: bouchers fossoyeurs chargés de s'occuper des cadavres animaux et humains
De cette enfance tibétaine, Mû a gardé le goût du thé au beurre (transmis également par Shion). Cette boisson, boisson nationale du Tibet, est cependant réputée pour avoir un goût particulier parce qu'elle est faite avec du beurre de yak rance. Je vous en donne la recette, trouvée ici :
Boisson nationale du Tibet, le thé au beurre (souvent rance) a tendance à dérouter au premier abord. Pour l'apprécier, mieux vaut penser que l'on boit du bouillon...
Ingrédients
7 tasses d'eau
1 c. à s. de thé
1 tasse de lait
1/3 de tasse de beurre
1 à 3 c. à c. de sel
Préparation
Faire bouillir l'eau dans une casserole.
Ajouter le thé et le lait, porter à ébullition.
Ajouter le beurre et le sel, laisser bouillir pendant 2-3 minutes.
Battre à la main ou dans un mixeur jusqu'à formation d'une mousse.
Verser dans une théière chauffée et servir.
Si ça n'est guère ragoûtant pour nous autres occidentaux, pour les Tibétains qui vivent à haute altitude et pour lesquels le moindre déplacement est tout de suite difficile vu le climat et l'oxygène rare, c'est une boisson chaude très réconfortante. Je me suis donc dit que notre atlante préféré, élevé parmi les tibétains, pourrait garder le goût de la boisson de son enfance qu'entretiennent d'ailleurs généreusement ses serviteurs vu que Shion, lui aussi, a été élevé toute sa petite enfance parmi une famille tibétaine et a également gardé cette habitude. Il se nourrit aussi de riz, de soupe et de yaourt (dahi, lait fermenté fort goûté en son temps par le mahatma Gandhi, ou yaourt à base de lait de yak fermenté). Par contre, point pour lui de viande de yak fermentée, j'ai paré au plus simple (et puis je ne le voyais pas manger ça, désolée).
Mû, de religion, est bouddhiste. Le bouddhisme tibétain est une religion encore considérée comme importée, à côté de la religion traditionnelle dite "Bön", qui en a tout de même emprunté des aspects. Il brûle de l'encens devant une statue du Bouddha Sakyamuni, rite commun à beaucoup de formes du bouddhisme, que j'ai utilisé pour cette raison d'ailleurs. Le terme "sakyamuni", quelque peu redondant car il signifie "le sage de la tribu des Sakya", est une autre expression pour désigner le Bouddha en se référant à sa forme "terrestre", le prince Siddharta Gautama, chose qu'on ne trouve dans les textes que relativement tardivement (voir ici, le texte d'un cours de l'université bouddhique concernant le Bouddha Sakyamuni), vers les premiers siècles de l'ère chrétienne. Sa forme la plus commune est celle d'un homme assis, levant une main, les yeux fermés, mais on trouve aussi des Bouddhas debout, comme à Angkor Vat (Cambodge) ou couchés, comme celui du temple de Wat Pho à Bangkok (Thaïlande).
Photo d'un Bouddha assis (Triangle d'Or, Thailande)
En effet, puisque Mû est né et vit ses premières années au Tibet, il était utile et nécessaire de faire quelques recherches sur le sujet, même avant de me lancer dans l'écriture de la chose. Pour la langue, il me semblait bien avoir lu, à la fin d'un roman se passant au Tibet au XIXème siècle (acheté par hasard voici des années, en plus ) un glossaire de termes tibétains (le livre est "Samsâra", d'Alexandra Jones). Je me suis basée là-dessus, fait quelques recherches supplémentaires concernant la civilisation et la vie quotidiennes tibétaines, et je me suis lancée (je ne vous cache pas que, relisant ED2B récemment pour y chercher quelque chose, je me demande encore ce qui m'a pris).
Donc, notre Mû, jusqu'à l'âge de quatre ans, est élevé par une tibétaine dans la maison même où il est né, près de la ville de Gyantsé (voir prochain billet sur les lieux). Sa langue maternelle est donc le tibétain.
Cette langue, nommée "peugué" pour la langue parlée et "peuyi" pour la langue écrite, fait partie de la famille des langues tibéto-birmanes, et comprend nombre de dialectes. Elle est notée au moyen d'un alphasyllabaire créé au VIIème siècle, et c'est l'une des langues les plus anciennement attestées parmi les tibéto-birmanes (pour plus de renseignements, voir ici - hé oui, wikipédia est souvent mon ami).
La nourrice de Mû, Dolma, est d'extraction assez modeste, donc elle parle un tibétain assez éloigné de la langue de cour encore employée à Lhassa. Mû, donc, commencera à parler ainsi, avant de châtier progressivement son langage au contact de Shion. Par contre, il ne l'écrira correctement que bien plus tard, écrivant longtemps mieux le grec ou l'atlante que sa langue de naissance.
Termes tibétains employés dans l'ED2B:
jowa: maître (terme de respect donné par Egesh à Shion)
Siddha: Homme doté de pouvoirs surnaturels (terme employé par Dorjee, l'aide de Dolma, quand les pouvoirs de Mû se réveillent)(on retrouve la même racine dans le prénom hindou Siddharta, porté par le Bouddha lui-même).
Ro Gyapa: bouchers fossoyeurs chargés de s'occuper des cadavres animaux et humains
De cette enfance tibétaine, Mû a gardé le goût du thé au beurre (transmis également par Shion). Cette boisson, boisson nationale du Tibet, est cependant réputée pour avoir un goût particulier parce qu'elle est faite avec du beurre de yak rance. Je vous en donne la recette, trouvée ici :
Boisson nationale du Tibet, le thé au beurre (souvent rance) a tendance à dérouter au premier abord. Pour l'apprécier, mieux vaut penser que l'on boit du bouillon...
Ingrédients
7 tasses d'eau
1 c. à s. de thé
1 tasse de lait
1/3 de tasse de beurre
1 à 3 c. à c. de sel
Préparation
Faire bouillir l'eau dans une casserole.
Ajouter le thé et le lait, porter à ébullition.
Ajouter le beurre et le sel, laisser bouillir pendant 2-3 minutes.
Battre à la main ou dans un mixeur jusqu'à formation d'une mousse.
Verser dans une théière chauffée et servir.
Si ça n'est guère ragoûtant pour nous autres occidentaux, pour les Tibétains qui vivent à haute altitude et pour lesquels le moindre déplacement est tout de suite difficile vu le climat et l'oxygène rare, c'est une boisson chaude très réconfortante. Je me suis donc dit que notre atlante préféré, élevé parmi les tibétains, pourrait garder le goût de la boisson de son enfance qu'entretiennent d'ailleurs généreusement ses serviteurs vu que Shion, lui aussi, a été élevé toute sa petite enfance parmi une famille tibétaine et a également gardé cette habitude. Il se nourrit aussi de riz, de soupe et de yaourt (dahi, lait fermenté fort goûté en son temps par le mahatma Gandhi, ou yaourt à base de lait de yak fermenté). Par contre, point pour lui de viande de yak fermentée, j'ai paré au plus simple (et puis je ne le voyais pas manger ça, désolée).
Mû, de religion, est bouddhiste. Le bouddhisme tibétain est une religion encore considérée comme importée, à côté de la religion traditionnelle dite "Bön", qui en a tout de même emprunté des aspects. Il brûle de l'encens devant une statue du Bouddha Sakyamuni, rite commun à beaucoup de formes du bouddhisme, que j'ai utilisé pour cette raison d'ailleurs. Le terme "sakyamuni", quelque peu redondant car il signifie "le sage de la tribu des Sakya", est une autre expression pour désigner le Bouddha en se référant à sa forme "terrestre", le prince Siddharta Gautama, chose qu'on ne trouve dans les textes que relativement tardivement (voir ici, le texte d'un cours de l'université bouddhique concernant le Bouddha Sakyamuni), vers les premiers siècles de l'ère chrétienne. Sa forme la plus commune est celle d'un homme assis, levant une main, les yeux fermés, mais on trouve aussi des Bouddhas debout, comme à Angkor Vat (Cambodge) ou couchés, comme celui du temple de Wat Pho à Bangkok (Thaïlande).
Photo d'un Bouddha assis (Triangle d'Or, Thailande)
Cependant, la représentation ci-dessus photographiée est l'image la plus usitée et la plus connue. Il en existe de toutes les tailles, y compris des petites utilisées comme objets de culte (et comme décoration en occident, faut-il le préciser...). L'on exécute devant, hors les rites, le culte des ancêtres. Cet aspect m'intéressait au vu du vécu de Mû enfant, qui prie régulièrement pour sa mère tout en se culpabilisant de sa mort. Shion malheureusement rejoindra bien trop tôt sa défunte épouse dans les prières de son fils, et ne les quittera pas, même après la révélation désastreuse de leur filiation (voir chapitre 20). Un objet lié également à l'aspect religieux est le moulin à prières ayant appartenu à Arzaniel que Shion offre à son fils pour son septième anniversaire. En tibétain "mani koto", le moulin à prières est formé d'un cylindre contenant des feuilles de papiers sur lesquelles sont écrites des prières, ou "mantras" et enroulées autour de l'axe du moulin. Les petits peuvent être tenus à la main (et celui de Mû est de ceux-là), mais il en existe dans les temples, mesurant plus de deux mètres de haut et ayant des poignées pour être tournés. Quand le moulin tourne, l'énergie émanée par les mantras qu'il contient bénéficie à tous les êtres et les prières sont ainsi récitées. Certains sont de véritables objets d'arts incrustés de métaux précieux.
Il existe d'autres objets utilisés pendant les rituels bouddhistes tibétains, pour en savoir plus regardez ici.
Bon, je crois avoir fait le tour de ce que je voulais dire, aussi vais-je arrêter de vous infliger un bon mal de crâne et conclure ici pour ce soir...
5 commentaires:
joli billet très intéressant sur le Tibet, sa langue, ses us et ses coutumes. D'ailleurs, complet au demeurant, comme toujours quand tu commences quelque chose ...
il me manquerait juste une chose en romantique incurable que je suis, c'est "je t'aime" en tibétain ... tu saurais me dire ?
bisous
Billet très intéressant! On entend beaucoup parler du Tibet mais au final, les "profanes" n'en savent que très peu de choses.
Et puis moi qui me suis toujours demandée ce que c'était que ce "moulin à prières", au moins, je me coucherai moins bête cette nuit^^
Dans tous les cas, tes recherches et ta précision contribuent pour beaucoup au charme et à la qualité de cette fic, et franchement bravo, car au delà de lire une bien belle histoire, on se cultive au passage.
Coucou toi ^^
Trés trés bonne idée de nous avoir éclairsi sur le sujet. C'était fort intéréssant^^
Bon courage pour la suite et gros bisous
Hello
Excellent billet qui plus est très intéressant, voilà ce que j’aime particulièrement dans cette fic (je ne le répéterai jamais assai!!) c’est qu’on sent la recherche et le travail fournit par l’auteur afin de rester d’une part cohérente avec le manga et d’autre part réaliste ce qui donne une autre dimension à ta fic et un réel intérêt, c’est plein de petit détails de la vie quotidienne que tu prends soins d’expliquer.
J’ai apprécié particulièrement l’explication concernant le thé au beurre qui est en effet une boisson tibétaine, je me suis rappeler un passage que j’ai bien aimé à l’époque , si mes souvenirs sont bon dans tes premiers chapitres (le 3 ou 4)ou shion en emmenant mû à Jamir lui fait boire du thé au beurre comme guise de petit déjeuné (Mû alors âgé de 4ans aurait voulu un bol de lait " de Yak bien sûr" mais n’a rien dit) c’est pour cela que ce billet me fait sourire
PS : Pour la viande de Yak fermenté, moi non plus je ne vois pas mû en manger ^^ ;
@plus
@ toutes
Merci, je suis contente que ce billet un peu compliqué vous ait plu, et s'il vous appris des choses c'est encore mieux, à mon sens, j'en apprends beaucoup aussi quand je fais mes recherches.
Merci encore pour vos commentaires et bisous à toutes !
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