samedi 25 août 2007

Création et évolution d'un personnage

Alors, à la demande générale, l'article sur les personnages...

Le processus de création d'un personnage original est vraiment des plus subjectifs. Qu'est-ce qui en donne l'idée, au départ ? Je dois avouer que j'ai du mal à me souvenir des détails qui ont présidé à la création de Sion ou d'Athéna pour "Entre Terre et Mer", mais, pour les grands maîtres de ED2B, il s'agissait tout simplement de répondre à un besoin précis: qui avait entraîné les chevaliers d'or ? (je n'en dis pas plus, je ferai tout un article sur le sujet)

Une fois le personnage vaguement imaginé, il faut lui donner un nom, et là je fais toujours quelques recherches selon la nationalité ou la religion attribuées au personnage, puis, une fois le nom trouvé, je note sur papier sa date et son lieu de naissance, son groupe sanguin, sa nationalité, son poids, sa taille, sa couleur d'yeux, de cheveux, de peau, ses particularités. En quelque sorte, ce sont les caractéristiques que je vais lui attribuer qui vont présider quelque part à son évolution.

Prenons pour exemple Demetrios, le serviteur grec de Mû:

Nom: Aphosiménos
Prénom: Demetrios
Date et lieu de naissance: 5 juillet 1940 à Amphissa (Grèce)
Groupe sanguin: B
Yeux: bruns
Cheveux: noirs
Peau: mate

Voilà les caractéristiques de base du personnage. Demetrios (nom de plusieurs rois Séleucides) est grec (qui l'eût cru avec un nom pareil ? ;D), j'ai choisi son nom de famille parce qu'il veut dire 'dévoué' en grec moderne. Il est né à Amphissa, qui est une ville du centre de la Grèce non loin de Delphes et il a bien l'apparence d'un grec avec ses cheveux noirs frisés, sa peau mate et ses yeux bruns.
La date de naissance a été un peu choisie au hasard (le brave gars est Cancer, le pauvre), mais je voulais que ce soit déjà un homme mûr pour qu'il y ait une sorte de relation paternelle avec Mû, sans remplacer son père mais pour l'aider à se construire. Etant né en 1940, il a 33 ans au moment de la mort de Shion en 1973.

Donc, à partir, j'avais le choix : soit j'en faisais un simple serviteur sans grande importance, soit je l'associais de plain pied à l'histoire. Au départ, je n'avais pas choisi, ayant seulement jeté sur le papier ce que je viens de recopier, parce que Demetrios n'était qu'un personnage secondaire sans grande importance.

Et puis, au détour d'un chapitre, j'ai décidé en établissant le schéma narratif qu'il va accompagner Mû dans sa fuite, ce qui lui donne d'ors et déjà un autre statut. Il va falloir le développer davantage, ce que j'ai fait dans les chapitres suivants. J'en ai fait un ex-apprenti qui, après une blessure grave au thorax, est devenu serviteur et qu'on a attribué au service de Mû.

Donc, j'ai pu le faire évoluer à partir de ce qu'il était au début, en faisant découvrir petit à petit sa personnalité. A partir d'une simple esquisse, de quelques caractéristiques physiques et mentales jetées au départ sur un bout de papier, j'ai pu lui donner des traits de personnalité, une vie, un passé, une existence, quoi... (hem...j'ai conscience d'être un peu confuse là...). A chaque fois que je crée un personnage, quel qu'il soit, j'essaie de me donner une marge suffisante d'évolution au départ pour ne pas me retrouver coincée, justement (parfois, ça ne suffit pas, j'ai eu quelques problèmes pour développer Anardil parce que ce que j'avais prévu pour lui était trop vague... arf ! j'espère que ça ne va pas trop se voir dans le prochain chapitre ^^;;;;;;;;;;;;;;;). Je pense qu'au début on se donne parfois trop peu de marge, puis, à force, on finit par savoir, à chaque personnage créé, combien il faut en prévoir ne pas être gêné aux entournures.

Suis-je trop perfectionniste ? Probablement, je mets des détails dont je n'aurais pas forcément besoin pour la fic (le groupe sanguin, par exemple, la date de naissance), mais on va dire que, comme le schéma narratif, c'est une sorte de sécurité. Cela me permet d'avoir un certain confort car, même si j'ai une bonne connaissance de mes personnages, nul auteur n'est à l'abri d'une erreur de cohérence (comme si j'allais me souvenir des dates de naissance de tous mes grands maîtres, aussi...).

Et le développement des personnages existants déjà dans l'oeuvre originale ? Je dirai que c'est marcher sur des oeufs. Soit on décide de rester "in character" et dans ce cas-là le cadre est existant, il suffit de le suivre, ou on opte pour le "out of character" et là, tecniquement, les seules contraintes qu'on a sont les nôtres. Pour avoir pratiqué les deux, je dirais que les deux modes de développement ont leurs avantages et leurs inconvénients: dans le "in character" il n'est pas possible de faire ce qu'on veut, on est lié par ce que l'auteur a voulu faire de son personnage, dans le "out of character" on est libre mais il faut se poser ses propres contraintes, ce qui n'est pas toujours facile...

Bon, j'arrête de vous étourdir pour ce soir avec mes raisonnements fumeux...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore un exemple d'approches totalement différentes dans la façon de travailler.

Le tout départ est similaire, on est d'accord, c'est son nom qui cristalise un personnage, tant qu'il n'en a pas il ne peut pas s'animer. Pour ma part je procède de trois façons différentes pour le choisir, en fonction de l'importance que je pressens pour le personnage. Soit je choisis un nom simplement pour sa sonorité (Saül du Bouvier par ex.), soit parce qu'il évoque explicitement la nature du personnage (Taïpan du Serpent, le taïpan étant un serpent trèèès venimeux d'Australie), soit pour la signification de ce nom si j'ai déjà une bonne idée du caractère du personnage (Dinen du Dragon, Dinen signifiant "silence" dans les langues elfiques de Tolkien).
Puis effectivement je lui donne une apparence, et encore pas à tous, seulement à ceux auxquels j'ai commencé à m'attacher dès que j'ai commencé à les imaginer.

Pour ça ok. C'est après qu'on diverge.
Le groupe sanguin? Pourquoi chercher à le créer, à moins de prévoir une transfusion c'est une donnée que je n'utiliserai jamais.
La taille et le poids? inutiles, du moins les données chiffrées. En terme de narration il aura l'air plus ou moins grand comparativement aux autres personnages, plus ou moins mince, ça rentre dans le domaine de la description.
L'age? idem. A moins que la date de sa naissance relève d'un intérêt particulier pour l'histoire, concrètement il y a peu de chance pour que l'age précis du personnage soit mentionné. Il aura l'air plus ou moins vieux, encore une histoire d'apparence, ou d'avoir plus ou moins d'expérience. Pas besoin d'en préciser d'avantage.
Le lieu de naissance? pareil encore, si jamais il est mentionné en cours de route ce sera de façon anecdotique, le fixer à l'avance pourrait même gêner la narration dans la mesure où je ne sais pas de quel lieu je pourrais avoir besoin. Alors que de laisser une "case libre" permet tout. Par exemple au cours d'un chapitre j'ai eu besoin d'une comparaison pour un massif montagneux que l'on aurait perçu de loin depuis un terrain plat. Mon doigt s'est arrêté sur l'atlas sur le massif du Tibesti, j'ai cherché ensuite parmi mes personnages lequel pouvait être originaire du coin, et seulement à ce moment je lui ai donné la nationalité libyenne. Ce que je n'aurais pas pu faire si toutes les nationalités avaient été définies, à moins d'en changer une, autant dire que ça ne valait pas le coup de la fixer avant.

Finalement, je fais pour presque tout ce que tu ne fais que pour le background ou la personnalité. Je pars d'un grand brouillard où brillent quelques petits point d'accroche dont le nom est le plus important, et je disperse la brume au moment où j'en ai besoin sur ce dont j'ai besoin. Je laisse le personnage se créer tout seul, non en fonction des besoins de l'histoire mais des besoins de l'inspiration.

C'est aussi pour ça que je n'aime pas définir trop clairement un grand nombre de personnages, après on est tenté de tourner l'histoire autour d'eux, de leur associer les évènements qui leur correspondent le mieux. Je trouve ça tout sauf crédible, les évènements se moquent de qui ils touchent, ce n'est pas à l'histoire de s'adapter aux personnages mais aux personnages de tirer le meilleur d'eux mêmes en fonction de l'histoire.
De ce point de vue là, je trouve la partie Poséidon totalement désastreuse : coup de bol celui qui affronte Bian a déjà rencontré Misty, génial l'adversaire de Io est le seul dont la défense peut prendre autant de forme que ses attaques, ouahh Krishna est tombé sur celui qui a un bouclier top solide et excalibur pour briser sa lance, joie Isaak se retrouve devant son ancien compagnon d'entrainement, ohhh trop dommage pour Kanon qui déguste devant celui qui a déjà goûté aux deux attaques similaires de son frère *o______o* ... Si c'est pas pauvre d'un point de vue scénaristique ça...

Bref, pour moi trop de précisions ne sont pas synonymes de confort loin de là. Ce sont plutôt des obstacles à ce que pourrait demander la narration ponctuellement...

Anonyme a dit…

Dans l'ensemble, ch'uis plutôt d'accord avec le point de vue de Snaritt.

Pour les persos originaux, je suis ok avec toi chibi sur le principe d'esquisser les traits principaux (même si effectivement certaines informations ne sont pas des plus essentielles), par contre le risque c'est qu'au fil de l'évolution, ces persos là évoluent à un tel point que des bases de départ en deviennent caduques. Et si tu les as exposées dès le départ, ben tu t'es faite "eue". néanmoins, dans le cas d'une histoire parfaitement ficelée du début jusqu'à la fin, à savoir que tu sais exactement ce qui va se passer, où, quand, comment et avec qui - à savoir que toute l'histoire est déjà écrite dans ta tête, quasiment mot pour mot - ok, tu ne risques rien.

Mais dans le cas où on a un fil rouge, un scénario global, sans avoir trop identifié les "points de détails", ben l'histoire elle évolue parfois plutôt indépendamment de l'auteur et des persos originaux. La preuve, tu en parles avec Anardil. Et à mon sens, quand un auteur est dans ce cas là, il a pas intérêt à s'avancer de trop dès le départ sauf s'il a quelques certitudes sur certains persos qu'il crée. Deux exemples dans UDC: Rachel, pas de souci, j'ai même pas besoin de fiche. Je sais tout sur tout, je n'ai aucun doute sur rien, le perso m'est tellement familier que j'y vais tranquille. Andreas: ah ben là... si j'avais du faire une fiche du perso, cela se serait résumé à: père des jumeaux STOP - vieux STOP - désagréable, rigide, sévère - STOP. Et basta. Après c'est au fil du déroulement de l'histoire que j'ai construit sa personnalité et son background, parce que je trouvais que ça collait plutôt pas mal, et plus simplement, parce que ça faisait tilt. Si j'avais trop blindé la définition du perso dès le départ, d'une part j'aurais été tentée de tout déballer d'un coup (sa vie, son oeuvre) et ça, c'est jamais top, ça fait "catalogue", et d'autre part je me serais lier les mains et les pieds toute seul, ce qui m'aurait empêcher de faire évoluer les autres persos tournant autour de lui, par réaction vis à vis d'Andreas.

Donc, si tu arrives à ne jamais te retrouver au pied d'un mur parce que tu t'es trop avancée à un moment donné et que tu ne peux plus faire de modifications et/ou évolutions, c'est génial, et c'est peut être le propre des fics où les scénarios sont blindés dès le départ (je pense à toi, ou a dragounet par exemple). Dans le cas inverse... je suis contre la fiche de perso :p, sauf si elle est dans la tête et évolue subtilement avec l'histoire.

Chibi a dit…

@ Snaritt

Pour moi, définir tout un tas de caractéristiques n'empêche pas de laisser suffisamment de liberté au personnage pour évoluer par lui-même, parce qu'il a quand même une existence propre. Et, même si je n'utilise pas toutes ces caractéristiques, j'ai besoin qu'elles soient là, appelle ça de la frilosité ou ce que tu veux.
Je définis par contre les nationalités au départ (quoi que, Anardil, étant atlante, n'en a pas vraiment une...), mais je laisse des coins d'ombres suffisants pour que, si j'ai besoin, je puisse, comme tu le dis si bien "dissiper la brume" à cet endroit là si besoin sans poser de problème de cohérence notoire. Certains personnages, cependant, évoluent au gré des besoins de l'histoire (Anardil, au départ serviteur lui aussi, prend de l'importance au moment des cérémonies des 13 ans de Mû...je n'en dis pas plus), mais c'est loin d'être le cas de tous...

Quoi qu'il en soit, ta façon de travailler est intéressante aussi, et je te remercie d'avoir pris la peine de l'expliquer ici...

[@ Yaya]

Hem, me sens un peu ridicule là en m'apercevant que je suis la seule à être obligée de cadrer mes personnages pour fonctionner correctement. Cependant, à part un léger problème pour Anardil dans le prochain chapitre (qui est parti chez Mégumi hier) que j'ai réussi à régler sans que, de l'avis de ma bêta lectrice, ça se voie trop, je ne me suis jamais retrouvée au pied du mur, du moins vraiment coincée. Je ne sais pas si c'est dû au fait que, comme tu dis, le scénario est "blindé", mais jusque-là j'ai eu de la chance. Cependant, contrairement à toi, même si je maîtrise bien le personnage et que je sais tout sur tout sur lui, j'ai tout de même besoin d'avoir le support de la fiche parce que j'ai la fâcheuse manie de semer des points de détails un peu partout dans la narration et que je ne veux pas me contredire.

'fin voilà, je vous remercie tous deux de prendre la peine à chaque de vous farcir la lecture et le commentaire de mes élucubrations autoristiques...